Après le brillant succès au match aller à Radès, les «Aigles de Carthage» ont de gros et de beaux atouts pour battre de nouveau les Libyens dans leur fief à Benghazi
La rencontre aller de vendredi dernier a montré l’écart énorme qui sépare le Onze tunisien du Onze libyen sur tous les plans. Les Tunisiens ont réussi sans trop forcer et sans avoir à recourir à une grande débauche d’énergie, à signer une victoire sans appel par 3 buts à 0. Une note qui aurait pu être beaucoup plus lourde si Seïfeddine Jaziri, notamment, avait été dans un meilleur jour et n’avait pas raté un nombre important d’occasions avec des ballons de but des plus faciles qui ne demandaient qu’à être poussés les yeux fermés dans les filets.
Gros arguments qui rassurent
Le premier enseignement majeur et révélateur tiré de ce premier round avec les Libyens, c’est que l’équipe de Tunisie a maintenant un dispositif bien équilibré, plus solide et bien aguerri et de la variété en défense, au milieu et en attaque et qu’elle a un bon potentiel offensif. Même s’il semble un peu hâtif, si ce n’est pas aller trop vite en besogne, de tirer une telle conclusion optimiste et euphorique après une première confrontation avec une sélection libyenne au jeu technique et ouvert qui nous sied à merveille. Car, avec les équipes au jeu plus musclé et de meilleur niveau, ce sera à coup sûr une autre réalité et une autre paire de manches. Mais il y a quand même des indices qui ne trompent pas et qui ne peuvent que donner de l’assurance au groupe actuel de Jalel Kadri. Le sélectionneur national, conforté dans sa place de chef de staff, a désormais les mains libres, pour ne pas dire carte blanche pour imposer un nouveau système de jeu, remodeler et reconstruire le visage de l’équipe. La phase finale de la Coupe du monde au Qatar lui a beaucoup appris et lui a permis de gagner en expérience et en maturité dans l’approche et le coaching des matches. Ainsi, on peut dire que le jeu attentiste, le football de la peur, les prestations médiocres, c’est fini avec Jalel Kadri. Place maintenant à l’audace, au football spectacle, au football total, au jeu basé sur la transition rapide défense-attaque, à la projection constante vers l’avant et l’omniprésence dans la zone de vérité adverse. C’est courageux comme choix et ça ne pourrait être que fructueux.
Une équipe et un schéma en voie de stabilisation
La défense à cinq avec trois axiaux est abandonnée, car ce serait un énorme gâchis avec un effectif aussi riche en éléments de valeur au niveau de la construction et de la finition et qui est en train d’emprunter la voie de la stabilisation. Le gardien Aymen Dahmen est confirmé dans son statut de portier numéro un de la sélection malgré la bonne forme de Béchir Ben Saïd et le retour de Ben Chrifia, la défense à quatre se dessine avec Wajdi Kechrida et Ali Mâaloul comme latéraux et Mehdi Meriah-Montasser Talbi comme charnière centrale. Quatre défenseurs et non des moindres vont devoir accepter le statut de suppléants : Mohamed Dräger, Ali Abdi, Dylan Bronn et Nader Ghandri. Ce dernier va profiter de la blessure annoncée de Dylan Bronn et du forfait de dernière minute de Montasser Talbi pour composer avec Mehdi Meriah le tandem d’arrières centraux à Benghazi. Au milieu, la formule de deux milieux défensifs fixes que sont Elyes Skhiri et Issa Laïdouni avec un Hannibal Mejbri positionné un cran devant comme électron libre pour être le joueur station qui alimente et diversifie le travail d’approche et le jeu d’attaque sera donc reconduite. Avec cette question-clé : à qui va profiter le forfait pour blessure également du patron de l’attaque Youssef Msakni ? À Mohamed Ali Ben Romdhane pour mieux sécuriser la zone tampon qu’est l’entrejeu ou à Anis Ben Slimane pour offrir plus d’appui aux montées de Wajdi Kechrida sur le couloir droit ? Une autre interrogation se pose : le ratage monstre du match aller va-t-il coûter cher à Seïfeddine Jaziri et offrir une belle opportunité pour Haïthem Jouini auteur d’un très joli but ou pour Omar Laâyouni en vue d’une figuration dans le onze de départ afin de montrer de quel bois ils se chauffent après leur courte apparition au match aller ? Comme on le voit, les solutions de rechange et les options ne manquent pas. Signe que cette variété de choix est le point fort de l’équipe de Tunisie qui peut évoluer en 4-2-3-1 comme en 4-3-3 même en déplacement pour mieux contrecarrer une sélection libyenne qui aura à cœur de produire une réaction d’amour-propre et de faire oublier à Benghazi son calvaire du Stade de Radès. Jalel Kadri et les siens doivent conserver cet état d’esprit conquérant, ce jeu porté vers l’attaque et tout faire pour engranger trois nouveaux points qui leur ouvriraient toutes grandes les portes d’une nouvelle qualification pour la CAN en Côte d’Ivoire. Pas question donc pour eux d’un coup d’arrêt qui les ferait reculer d’un cran après ce qu’ils ont montré au match aller.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA